L’école de danse Chantraine s’offre le théâtre des Champs-Élysées pour ses 60 ans

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De  «Naissance» à «Soleil», chacune des vingt-cinq chorégraphies du ballet d’Alain et Françoise Chantraine accorde une place centrale à la lumière. Photo Adrien Roux.

L’ensemble chorégraphique de l’école de danse fondée par Alain et Françoise Chantraine, célébrait dimanche 17 juin sa soixantième année d’existence en interprétant Vers la lumière, un ballet inédit à l’image de la philosophie de l’école.

Plongés dans la pénombre du théâtre des champs Élysées, des admirateurs de longue date, mais aussi des nouvelles têtes à conquérir. Certains sont là pour voir leur enfant monter sur scène, d’autres leur grand-mère, certains juste par amour pour la danse. Au bout de deux heures d’un spectacle coloré, néophytes et habitués applaudissent dans une même symphonie frénétique.

Nouveau succès pour l’école qui célèbre avec Vers la lumière… son 60e anniversaire. Ce ballet très abouti résume, à lui seul, la philosophie prônée par ses fondateurs Alain et Françoise Chantraine. Des danseuses et des danseurs de tous les âges, un répertoire éclectique, mais une marque de fabrique qui a su conquérir le cœur de générations d’élèves.

 

Des danseurs et danseuses de tous les morphotypes

Des danseurs et danseuses de tous les morphotypes forment les rangs de l’école de danse Chantraine. Photo Adrien Roux

Ici, les danseuses n’ont pas toute la ligne svelte et les hommes ne dégagent pas tous la force musculaire des danseurs classiques. Chacun est accepté quels que soient ses dons et ses aptitudes physiques. Les benjamins ont quatre ans. Les doyens dépassent les 80. Ils n’ont ni tutu, ni chausson. Les danseurs Chantraine sont pieds nus et portent simplement justaucorps et académiques de couleurs vives.

Pour l’occasion seule une centaine d’élèves avancés et leurs professeurs dansent sur la scène du théâtre des Champs-Élysées. Des bénévoles issus de la dizaine de centres en France et en Angleterre qui composent l’école de danse Chantraine. Ils ont répété toute l’année pour cette soirée. Et même si les «Bravo» scandés par des parents fiers de voir leurs jeunes ados performer, ponctuent certaines chorégraphies, Vers la lumière… a davantage l’allure d’un ballet professionnel que d’un spectacle de fin d’année.

De Naissance à Soleil, chacune des vingt-cinq chorégraphies du ballet gravite autour de la «Lumière», thématique centrale dans toute l’œuvre de Françoise Chantraine et de son mari Alain, décédé il y a dix-huit ans. «Nous sommes tous, attente… Attente d’une lumière, d’une vérité, qui ne peut naître qu’en nous-mêmes. Attente de la lumière… attente de notre lumière…», écrivait le couple dans leur poème L’Aube, dit par une comédienne et élève après la première chorégraphie. Un message d’espérance que délivrent depuis 60 ans les chorégraphes à leur public.

Les deux heures de spectacle proposent un subtil aller-retour entre des rythmes lents, et d’autres bien plus dynamiques, le tout sur une musique allant de Mozart à Pink Martini en passant par Fever de Peggy Lee. Un répertoire diversifié tiré des 180 chorégraphies créées par Alain et Françoise Chantraine tout au long de leur vie dans laquelle se mélangent une base de classique, et des inspirations contemporaines diverses. Béjart et Alvin Ailey parmi d’autres.

Certaines chorégraphies sont principalement dansées au sol sur un tempo lent. Photo Adrien Roux

«Roc et Bruyère», une dynamique ballade écossaise dansée par un cours d’adolescentes. Photo Adrien Roux

Variation et respiration

L’entracte terminé et sa soif étanchée, le spectateur est de nouveau happé par la délicatesse et l’économie de mouvement de Transparence, avant d’être ébloui par la vivacité des jeunes danseuses de Roc et Bruyère, une chorégraphie qui revisite le folklore de la danse traditionnelle écossaise. Un changement de style qui pousse les plus hardis de l’assistance à applaudir en rythme.

Ces variations offrent une bouffée d’air aux 1500 spectateurs du théâtre des Champs-Élysées. La respiration est d’ailleurs l’élément fondamental injecté dans la méthode Chantraine par ses fondateurs. Chaque silence musical laisse planer le souffle des danseurs dans la salle. Voyez-y une maîtrise de son corps. Ce soir, personne ne cherche éperdument à dépasser ses limites physiques. Tous les danseurs n’ont pas le même niveau, mais sont tous mis au même niveau. Pas d’esprit de compétition, mais simplement la recherche d’une belle performance collective.

Photo Adrien Roux

Photo Adrien Roux